Rapport des mécecins VS Enquete CNPS


tableau blanc avec des graphiques

Pour la 6éme fois depuis sa première itération en 2012 en réponse à la crise sociale de 2009, une grande enquête sur les conditions de travail et le stress au sein de groupe Orange a été réalisée par le CNPS (Comité National de Prévention du Stress), composé par les différentes organisations syndicales (CFDT, CFE-CGC, CGT, FO et SUD)

Et le moins que l’on puisse dire c’est que les résultats de cette étude ne sont guère positifs :

Les 6 grands facteurs de risques psychosociaux du rapport Gollac (L’intensité du travail, Les exigences émotionnelles, L’autonomie au travail, Les rapports sociaux au travail, Fierté d’appartenance, l’insécurité professionnelle) sont tous orientés la baisse en 2024.

  1. L’intensité au travail se dégrade sous l’effet du dépeuplement aléatoire des services ainsi que de l’offshorisation et recours à l’IA pour ce qui relève des taches simples. Les tâches qui restent confiées à un nombre de salariés d’Orange en France de plus en plus restreint sont ainsi de plus en plus complexes. Ces transferts de taches comportent par ailleurs un certain nombre de ratés qui induisent accentuation du contrôle et de la reprise, souvent mal vécu. A cela s’ajoute un problème perçu par les salariés de coopération inter-service, en lien avec la mauvaise définition des procédures, qui impacte l’efficacité et ralentit le travail.

  2.  Les rapports sociaux semblent également se dégrader. Les déclarations exprimant des situations de violences verbales, harcèlements et tensions sont en progression et constituent un premier signal d’alerte.

  3.  Les exigences émotionnelles dont les indicateurs semblaient en progrès constants en entre 2009 et 2021 marquent un recul soudain. Il s’agit là évidemment d’un effet de bord de la dégradation des rapports sociaux vus au-dessus. La vive émotion suscitée par un reflux des suicides au sein du groupe est également prépondérante. A noter toutefois une amélioration chez les équipes commerciales, notamment en terme de stress, qui tranche avec les autres service.

  4. L’autonomie au travail apparait stable mais agit en trompe l’œil. Celle-ci étant en principe corrélée au niveau de diplôme, l’augmentation significatif de celui-ci depuis 2012 aurait du sa traduire par une forte augmentation du sentiment d’autonomie. Cette pseudo stabilité traduit donc un fort déclin.

  5. La Fierté d’appartenance continue de décliner après une première baisse de ce sentiment en 2021. Les causes sont multiples et complexes mais le recours inédit à un Plan de Départ Volontaire a manifestement dégradé la dimension sociale de l’image de l’entreprise et vient briser la dynamique permise par tous les efforts consentis depuis la crise  de 2009 à ce niveau. Les multiples réorganisations parfois contradictoires,  l’évolution des offres, la sous-traitance, le rapport aux évolutions technologiques (digitalisation, automatisation) sont également en cause.

  6. l’insécurité professionnelle de son coté explose. La part des salariés estimant leur sécurité de l’emploi a plus que doublé depuis 2021 dans de nombreuses entités (OW, Innov, OBS, DTSI) et ne peut-être expliqué par la simple réduction du nombre de fonctionnaires dans les équipe. Savoir-faire dépassé, risque de remplacement par les nouvelles technologies et la dégradation du climat social apparaissent comme moteurs de ce sentiment d’insécurité nouveau.

Ce rapport est par ailleurs corroboré par le rapport annuel des médecins du travail qui remontent des problématiques et inquiétudes extrêmement proche des conclusions de l’études. Sont en effet remontées une aggravation des situations de tensions interpersonnelles, des problèmes de cohésion, de stress, de surcharge/sur complexification du travail. 

Les nombreuses inquiétudes exprimées par SUD, voire l’ensemble des organisations syndicales se voient ainsi confirmées. La dégradation des conditions de travail et du climat social est une réalité. Les réponses apportées par la direction groupe restent de l’ordre du superficiel. Un retour en arrière est bel et bien à l’œuvre et les heures sombres de la crise de 2009 semblent revenir nous hanter. Peut-être faudrait-il prendre la pleine mesure de tous les signaux d’alerte. Sans réaction des salariés pour s’opposer à cette dynamique par un vrai rapport de force, leurs craintes pourraient fort bien hélas se concrétiser. Rien n’est inéluctable néanmoins, le pouvoir d’inverser la tendance reste en nos mains si nous nous mobilisons.