La direction a demandé au CSE de rendre un avis sur le projet de déménagement des équipes OWF du site de Besançon Russel vers le bâtiment de Besançon Justice.
Comme pour la plupart des déménagements récents, le scénario ne change pas : l’entreprise avance masquée, mais la boussole reste la même. Réduire les coûts, toujours réduire les coûts, peu importe l’impact sur les conditions de travail.
Pourtant, la présentation officielle de la direction s’est gardée de le dire. À la place, une avalanche d’arguments marketing : sécurité renforcée, qualité de vie au travail, meilleure empreinte immobilière, regroupement des équipes… De quoi presque faire croire qu’il s’agit d’un projet pensé pour les salarié·es. Mais quand on connaît la stratégie immobilière d’Orange et l’usage politique du « flex », difficile de prendre ces affirmations au sérieux.
Regardons d’un peu plus près ce qui est avancé.
« Réduire le sentiment d’insécurité »
Depuis les plaintes déposées il y a deux ans concernant la présence d’un point de deal à proximité, des actions ont été menées. Les salarié·es ont clairement indiqué, lors de l’expertise, que ce sentiment n’existe plus. L’argument ne tient donc pas.
« Adapter nos surfaces et améliorer notre impact »
Le site de Russel est désinvesti depuis longtemps. En sous-effectif, il aurait pu être redensifié plutôt que vidé. L’argument environnemental, souvent brandi pour justifier les fermetures, sert ici de paravent à une stratégie purement financière.
« Réduire notre empreinte immobilière pour améliorer notre performance financière »
Pour une fois, la direction ne ment pas : supprimer un bâtiment est bon pour la performance financière. Et, en réalité, c’est bien la motivation centrale de ce projet. Le reste est une couche de peinture.
« Offrir une meilleure qualité de vie au travail »
Des locaux plus modernes, peut-être. Mais un bureau pour deux personnes, la disparition de la restauration collective, la généralisation du flex… rien de tout cela n’a jamais amélioré la QVT. L’expérience de tous les précédents déménagements nous l’a démontré.
« Renforcer le collectif »
Le flex office n’a jamais renforcé le collectif, bien au contraire. Les expertises précédentes l’ont montré : dilution des équipes, isolement, perte de repères. Rien n’indique que ce projet fera exception.
L’expertise remonte également plusieurs points problématiques liés à la stratégie globale du groupe : densification accrue, circulation réduite dans le parking, documentation incomplète, projections d’effectifs trop floues pour juger de la pertinence des espaces, etc.
La position des organisations syndicales
La CFDT, la CGT, FO et PE (Printemps écologique) ont voté une résolution donnant un avis négatif sur ce projet.
La CFE-CGC a choisi de s’abstenir, posture étrange pour une organisation qui se revendique « au service de tous les salariés ».
Quant à SUD, nous n’avons pas pris part au vote. Ce choix peut surprendre, alors clarifions-le.
Nous combattons évidemment les déménagements qui dégradent les conditions de travail et poursuivent la fuite en avant immobilière d’Orange. Mais le dossier soumis au CSE comporte des manquements graves pointés par les expert·es : plans non métrés, étude complète uniquement pour le parking, projections d’effectifs insuffisantes, incapacité à vérifier la pertinence des surfaces, etc.
Dans ces conditions, se prononcer « avis positif » ou « avis négatif » sur un projet aussi mal ficelé reviendrait à légitimer une méthode inacceptable. Un dossier aussi incomplet pourrait d’ailleurs ouvrir la voie à une action en justice pour exiger des informations fiables, complètes et sincères.
Une consultation de façade
Soyons clairs : la direction ne cherche ni à convaincre les élu·es ni à éclairer les salarié·es. Elle déroule ses projets en cochant la case « consultation ». Le reste, pour elle, n’est qu’un bruit de fond.
SUD continuera à dénoncer ces stratégies de démantèlement immobilier et à défendre des espaces de travail dignes, pensés pour les besoins des équipes et non pour satisfaire des objectifs comptables.
La lutte syndicale se construit aussi en exigeant transparence, sérieux et respect des salarié·es — tout ce que ce projet ne fournit pas.
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